Ma démarche artistique est marquée par le mouvement.
Je n’ai pas suivi un parcours très linéaire en termes de progression dans ma
pratique. La poursuite de formations dans différents domaines reliés à l’art, m’a
permis d’explorer d’autres médiums et sujets qui ne sont pas traditionnellement
reliés avec la bande dessinée. C’est seulement vers le milieu de mon
cheminement dans le baccalauréat en art et design, avec une concentration en bande
dessinée, que mon identité visuelle a commencé à se définir un peu plus. Au départ,
ma facture graphique entrait dans le semi-réalisme. Mes personnages se
retrouvaient avec des silhouettes sveltes et beaucoup de détails. Et puis j’ai
appris à épurer mon dessin et j’ai décidé de jouer avec les proportions des
personnages. J’ai expérimenté et explorer longtemps avant de développer un
système qui me plaît et dans lequel je tire une satisfaction à dessiner, des
personnages avec de grands yeux et une grosse tête arrondie. Étant intéressée
par diverses formes d’expression visuelle, j’ai une fascination pour le « kitsch »,
l’art commercial des années 60-70 (les toiles de velours, Margaret Keane), les
affiches psychédéliques, etc. D’autres peintres du mouvement des grands yeux
(Angelina Wrona, Jasmine Becket-Griffith, Junko Mizuno), des poupées japonaises
(Pullip, Blythe), les « shôjô manga » et dessins animés japonais des années 60 à 80 (Astro Boy, Mini fée, Lady
Oscar, etc.) m’ont aussi influencée. Cela m’a poussé à travailler en couleur, j’ai
hésité entre l’application directe et celle à l’ordinateur, mais cette dernière
bien que rapprochant des dessins animés, rendait mon dessin statique et moins
vivant. Étant plus à l’aise à travailler à la main, j’ai développé un système d’encrage
et de couleur en les exécutants sur une reproduction grandeur nature de la
planche originale. Je me suis aussi questionnée
sur le genre de récit que j’ai envie de produire. Ce style est versatile, mais
peut facilement être associée à un jeune public, ce qui n’est pas mon lectorat
ciblé pour le moment. Je trouve intéressant d’opposer ce genre d’esthétique mignonne
avec des sujets plus sérieux. J’aime écrire sur le monde que je connais, les
choses du quotidiens (livre, film, musique, objet, habitude), les souvenirs et
les enjeux actuels de notre société, m’inspirent beaucoup. Toutefois, sans
tomber dans l’autobiographie, je les mets en contexte dans des récits fictifs
qui se déroulent dans une période contemporaine. Je pense qu’écrire à propos de
ce qui est familier et dans un contexte pas très éloigné, peut permettre au
lecteur de s’identifier aux personnages. Par contre, il est parfois difficile
en tant qu’auteur de prendre de la distance par rapport au récit. En ce moment
j’écris sur ce moment particulier de la fin du secondaire avant l’entrée dans l’âge
adulte qui, je pense, représente bien l’incertitude et l’appréhension actuelle
de la société actuelle, dans ce monde au mode de vie accéléré. Pour ce qui est
de ma production en ce moment, je crois qu’elle s’inscrit dans le courant des
récits autobiographiques et tranches de vie que l’on retrouve dans la bande
dessinée d’auteur au Québec. Je pense que le style d’un auteur est toujours en
évolution et bien qu’ayant trouvé ma facture visuelle, je vais continuer à
explorer pour l’améliorer et la pousser plus loin.
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